Univers rétréci
Je ne suis pas très présente en ce moment, et ne répond pas (ou plus) à vos commentaires. Ne croyez pas que je suis indifférente, loin de là ! Des faits nouveaux m'ont totalement accaparée. J'ai dû me poser, réfléchir, analyser. J'ai dû avaler la nouvelle. La digérer, ce sera pour plus tard. J'ai dû aussi mettre un peu d'ordre dans mes pensées avant de vous en parler. C'est un coup dur, mais je crois que ce n'est pas très original, et si ça peut donner matière à penser, et surtout permettre à d'autres de tirer la sonnette d'alarme avant que les choses soient installées, j'aurai fait oeuvre utile. Il y a pas mal de personnes malades (et beaucoup atteintes de neuropathies) qui passent par mon blog. C'est avant tout à elles que je m'adresse (dites moi si vous connaissez ça aussi !) et aussi à vous, mes amies qui passez régulièrement me voir : je veux vous dire tout simplement sur quelles eaux je vogue en ce moment.
Etre malade, c’est d’une certaine façon être coupée du monde. Jusqu’à octobre dernier, j’avais un travail où je voyais beaucoup de monde. Depuis cette date, je ne vois presque plus personne. Certes, je vais faire des courses, certes, je rencontre souvent mes voisines/copines. Mais je n’ai plus à parler devant une assemblée, je n’ai plus à gérer un bureau parfois plein, je n'ai plus autour de moi ce grouillement de vie propre à mon métier. Non seulement je ne vois plus grand monde, mais en plus je ne bouge que très peu : les traitements que je prends contre la douleur (contre la polynévrite elle-même, il n’y a pas grand chose) ne me permettent pas de conduire beaucoup.
Peu à peu, mon univers s’est recroquevillé. Il a rétréci jusqu’aux limites de mon quartier. Au delà, je ne me sentais pas trop bien, jusqu’au jour où je me suis sentie carrément mal : crise de panique, crise de larmes. Cela a produit un déclic. Ce n’est pas moi, cette femme qui a peur de tout, qui n’ose pas aller à 1 km de chez elle ! J’ai eu l’impression de découvrir un autre moi, qui avait éclos sans que je m’en aperçoive.
Cela m’a fait un choc. J’en ai parlé à mon médecin et ai décidé de suivre une psychothérapie. On a diagnostiqué une phobie sociale : peur des espaces que je ne connaît pas, peur de la foule. Il va y avoir du travail ! Je ne supporte pas cet état, mais je ne peux aller au delà des limites que ma peur m’impose. C’est un peu comme si j’étais fragile, comme un crabe qui mue et qui doit se cacher tant que sa nouvelle coquille ne s’est pas solidifiée, durcie. Je suis bien chez moi. Vraiment bien. Moi qui n’était absolument pas une femme d’intérieur, je prends plaisir à m’occuper de mon chez moi, à cuisiner, à me livrer aux travaux d’aiguilles, à papoter de temps à autre avec mes voisines/copines à l’ombre des arbres du parc qui longent le bâtiment.
C’est moi et ce n’est pas moi.
Il va falloir creuser.
Pour l’heure, je fais attention à ce que cette zone de sécurité ne rétrécisse pas davantage. Il me reste assez d’énergie pour essayer de faire quelque chose, mais il semble bien que tout cela va prendre du temps.
à bientôt