Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
des petits bouts de fil
Newsletter
des petits bouts de fil
4 novembre 2009

In memoriam

3 novembre 2005. Une date qui à jamais a marqué ma vie, au point qu'hier, jour anniversaire, je n'ai pas pu en parler.

Ce jour là, ma mère s'éteignait. Elle venait d'avoir 76 ans.

Elle était malade, nous le savions, mais elle nous avait caché combien grave était sa maladie. Elle, elle savait. Elle a préféré nous le cacher. Peut être n'avait-elle pas envie de lire sa mort prochaine dans nos yeux. Elle a choisi de partir seule, à l'hôpital. Son choix. Jusqu'au bout, Maman a voulu choisir, décider de sa vie, même si la vie lui jouait un sale tour avec une maladie terrible et incurable.
Je n'ai pas de scanner, et si peu de photos que je ne vous montrerai aucune image d'elle. Moi, je n'ai pas besoin de photos. Comment pourrais-je l'oublier ?

Ma mère a toujours été pleine de vie.  Elle était belle. Elle avait un charme fou et un sourire communicatif, éclairé par une petite dent un peu mal rangée. Les images que je garde d'elle sont pleines de son sourire ou de son rire. Elle pouvait aussi être dure, parce qu'elle ne supportait pas qu'on s'apitoie sur soi ou qu'on baisse les bras. Elle avait un sens de l'humour percutant, et une foule d'aphorismes bien à elle. Toujours, elle essayait de nous faire prendre la vie par son bon côté, même si celui-ci était tout petit, petit.
Les enfants se précipitaient vers elle et lui racontaient mille choses. Même si ses réactions pouvaient parfois paraître surprenantes aux adultes, les enfants, eux, comprenaient. Elle vérifiait la gravité des peines ou des bobos en adulte, mais consolait en enfant : si un petit venait la voir en larmes parce qu'il était tombé, elle lui décochait son plus terrible aphorisme (Un enfant qui tombe a fait la moitié du chemin, il n'a plus qu'à se relever) ou lui demandait très sérieusement si le trottoir, la balançoire, la branche d'arbre, bref ce qui avait causé la chute, n'avait pas eu mal. Curieusement, cette recette marchait à tous les coups.
Elle trouvait toujours un vase (ne serait-ce qu'un couvercle de boîte) pour les bouquets que les enfants lui cueillaient. Combien de fleurs parfois surprenantes, les queues coupées trop courtes, ont fini leur vie dans le séjour !!
Avec les adultes, son humour pouvait être proche du cynisme, mais avec de la bonne humeur. Je me souviens avoir passé une période noire : nommée loin de chez moi, mon mari d'alors ayant repris ses études, un budget riquiqui et une série de pannes. La cuisinière, la voiture nous avions à peu près pu faire face. Mon frère connaissait les mêmes difficultés, mais je ne le savais pas. Mes parents l'ont aidé comme ils ont pu. Ma machine à laver est alors tombée en panne. Mes parents ont volé à mon secours. Quelques jours après, alors qu'ils étaient chez moi, j'ai cassé une tasse. Je me suis mise à pleurer. La goute d'eau etc.. Maman m'a mis la main sur l'épaule et m'a dit que tant qu'on arrivait tous à s'en sortir, tout allait bien. Elle a pouffé de rire et a ajouté : "les enfants, si on calanche ce mois ci, il faut espérer qu'il y ait des soldes aux pompes funèbres !" Comment voulez-vous après ça pleurer pour une tasse ?

C'était ma mère, tout ça. Sa vie n'avait pas toujours été facile, mais elle s'était toujours battue. Elle m'a transmis ce virus : s'attacher à ce qu'il y a de beau dans la vie pour que les jours sombres paraissent moins tristes. Et ne jamais, jamais baisser les bras.

Elle me manque, ma Maman, comme elle manque à tous ceux qui l'ont connue. La plaie qu'a laissé son départ fait moins mal, mais ne cicatrisera jamais tout à fait. Bien mieux qu'un bouquet, bien mieux qu'une prière, j'offre au ciel, ma mère tant aimée, tous les moments complices, les sourires et les rires. Dieu saura tout de suite que c'est pour toi.

à bientôt

Publicité
Publicité
Commentaires
B
tu as de la chance!! moi, ma mère est encore vivante, ça fait bien 30 ans que je n'ai plus de rapports avec et qu'elle est morte sans que je la pleure!!! on ne pleure pas quelqu'un qui n'a jamais su vous aimer!!!
C
Quel bel hommage tu rends à ta maman, c'est très beau moi je n'ai pas assez connu la mienne, de mon côté je suis la dernière à porter ce nom, que des enfants uniques et tous décédés.<br /> La Toussaint OUI, les fleurs NON ce n'est que du commerce le souvenir d'un mot, d'un geste, d'un regard ça c'est important.<br /> Je te laisse dans tes doux souvenirs bises Patricia
H
Je t'embrasse bien fort. Je vois bien le lien que tu avais avec elle à partir de ce beau texte. Bisous et à bientôt.
R
On se remet jamais je crois du départ d'une maman quelque soir l'âge... Je ne peux dire qu'une chose de là où elle est elle veille sur toi ... telle mère telle fille je vois ! Une vraie Normande ta maman !!!<br /> j'appréhende le départ de la mienne elle va faire 77 ans et ce jour là je sais que je n'aurai plus qu'à la suivre, je le sais depuis toujours... Que veux tu que je fasse ici toute seule ?<br /> Ta maman a eu une belle vie quand même et bien remplie, elle vous a eu dans sa vie...<br /> Je t'embrasse fort allez va te faire un bon chocolat chaud cette am et bois le doucement en savourant la vie qui est en toi...<br /> Gros gros bisoussss<br /> Mimie
C
Une maman comme ça, c'est un cadeau de la vie ! Il est très émouvant ton texte, on y sent toute l'amour d'une fille pour sa mère, c'est très beau...
Archives
Publicité
Publicité