Julien et Marguerite
Eh oui ! vous avez été nombreuses à trouver la solution de l'énigme.
Il s'agissait de Marguerite et Julien de Ravalet-Tourlaville, condamnés pour inceste et adultère. Le tableau qui illustrait l'énigme est attribué à Pierre Mignard.
Revenons un peu sur leur histoire :
Julien naît en 1582 et Marguerite en 1586 au sein d'une famille qui compte onze frères et sœurs. Ils sont très proches l'un de l'autre, et un sentiment amoureux va naître peu à peu. Bien que cet amour soit platonique (ce ne sont encore que des enfants), les parents préfèrent les séparer : ils envoient Julien, qui a 13 ans, au collège de Coutances. Trois ans plus tard, le 20 mars 1600, Marguerite, treize ans et demi, est mariée à Jean
Lefevre de Haupitois, 25 ans, en l'église
Notre-Dame de Tourlaville. Non noble, sa richesse provient de la charge
de collecteur de l'impôt royal. Ils vivent à Valognes, distant d'environ 20 km de Tourlaville.
Le mariage n'est pas heureux. Marguerite quitte le domicile conjugal à deux reprises : … "dit que c'est son mari qui l'a chassée, l'ayant battue (…), l'a fait accoucher avant terme (…), l'a tirée par les cheveux jusques en la rue, lui a mis le poignard sur la gorge (disant) qu'il la voulait tuer (…) et entretenait deux paillardes (…)". Julien la ramène chez ses parents à Tourlaville.
1601 : Marguerite est enceinte. Elle s'enfuit à Falaise chez des parents. Julien la rejoint "sur ordre de (son) père" dira-t-elle, "pour (la) ramener". Elle refuse. Ils gagnent Paris.
Le 8 septembre 1603, ils sont arrêtés et incarcérés à la demande de
Jean Le Febvre. Accusés d'adultère et d'inceste, leur procès a lieu en
novembre. Les juges décident l'application de la question aux deux
prisonniers qui nient l'inceste. Jean Le Febvre fait appel de cette
décision car il les sait capables de nier sous la torture, or si un
accusé "questionné" n'avoue pas le crime qu'on lui reproche, il doit
être considéré comme innocent et libéré.
Le jugement va être prononcé sur les seuls indices : la décapitation en place de Grève.
Leur père fait appel de la sentence auprès du roi Henri IV qui se serait peut être laissé émouvoir. Mais la reine Marie de Médicis est inflexible. Le roi aurait dit, selon le Journal du règne de Henry IV, Roi de France et de Navarre de Pierre de l'Estoile, « si la femme n'eût point été mariée il lui eût volontiers donné sa grâce, mais que l'étant il ne le pouvait ».
Paris, le mardi 2 décembre 1603, huit heures du matin : Julien et Marguerite de Ravalet sont exécutés en place de Grève, après que Marguerite ait accouché. Il sont enterrés dans l’église Saint-Jean en Grève, détruite en 1802, avec cette épitaphe : "Cy-gisent le frère et la soeur. Passant ne t’informe point de la cause de leur mort. Passe et prie Dieu pour leur âme."
Le Château des Ravalet existe toujours. C'est un véritable bijou renaissance, majestueux et coquet, où l'on sent que tout a été fait pour la douceur de vivre : certaines pièces sont somptueuses, les jardins possèdent un charme fou. Je vous renvoie vers l'article sur Wikipédia et surtout vers l'article sur le site de la ville de Cherbourg. Mes grand parents habitaient pas loin de ce château, lieu de promenades et de jeux qui a empli mon enfance de rêveries.
à bientôt.