Le vent
Jamais je crois je n'oublierai ce poème appris en CE2 et qui me revient en tête à chaque automne. Il s'agit de "le vent", d'Emile Verhaeren. Je vous en copie le début (c'est un très long poème) et vous envoie ICI si le lire en entier vous intéresse :
Sur la bruyère
longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement, du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Il est un moment, dans l'automne, où la saison atteint un tournant, où le doux automne aux couleurs chatoyantes fait place à l'automne rude aux nuances de brun : bruns les branches des arbres dénudés, brun la terre trempée d'eau, brun les chemins, brun l'horizon. On sort les cache-nez, on ne sort plus sans ses gants. Ce n'est pas encore le froid coupant de l'hiver, mais un froid humide qui glace jusqu'à l'os ceux qui n'ont pas voulu le prendre au sérieux. Les dernières feuilles rousses soulevées par le vent vont bientôt se poser à terre pour devenir terreau riche où la vie renaîtra plus tard.
J'aime l'automne brun. C'est l'automne, dans ma Normandie, des bottes en caoutchouc, des châtaignes et des derniers champignons, l'automne des longues promenades de mon enfance, trottinant derrière mon père qui me racontait les choses que nous voyions.. C'est l'automne de la maison bien chaude, où l'odeur de la soupe qui cuit ou du ragoût qui mijote accueille de son réconfortant fumet l'enfant aux joues rougies.
Il y a aussi, lié dans mon souvenir à l'automne brun, le ronflement du poêle à mazout (nous n'avions pas encore le chauffage central) accompagné des lueurs dansantes de la flamme.Il me reste aujourd'hui encore l'envie de me blottir dans les coussins, bras autour des jambes, et rester là longtemps à rêvasser dans la lumière changeante du poêle.
Et vous, votre automne à vous, quelle saveur a-t-il ?
à bientôt
à bientôt