Cocon
Les décorations de Noël sont rangées. Le séjour semble presque vide sans la tache de lumière que faisait le sapin.
Dehors, il fait très froid.
Il a neigé, il neige, il neigera. Pour l'heure les flocons tombent dru, recouvrant le gel sur le sol. Les route, les trottoirs sont traîtreusement blancs, insidieusement glissants.
Personne dehors, les voitures sont restées sur le parking, les gens blottis au chaud chez eux. Même les pies et les corbeaux qui se disputent habituellement les arbres autour de chez moi ont signé une trêve.
Il règne un silence feutré, même le vent prévu par la météo se fait discret.
J'ai passé du temps à la fenêtre, fille de l'eau et du vent déconcertée par tant de blancheur et de calme. La bouche ouverte et les yeux tous ronds, petite fille de cinquante ans qui fait de la buée sur son carreau. La neige me déconcerte. Elle me laisse une curieuse impression de lenteur, un goût de blues dans la gorge et l'âme.
Je n'avance à rien. J'ai commencé mille choses, je n'arrive à en finir aucune. Le froid a fait renaître la douleur dans mes pieds et mes mains. Même taper sur le clavier me demande de gros efforts, certains doigts réagissant avec retard alors que leur voisin va vite et bien. Curieuse impression que mes mains devenues par instants sourdes à mes ordres. Broder ne me va pas beaucoup mieux. Tant d'application pour des points de débutante, je n'ai pas vu cela depuis mes six ans.
Alors je retourne regarder dehors.
Blanc. Toujours. Avec des traces de pneus grises. Tiens, quelqu'un a réussi à grimper la pente.
Je retourne dans mon cocon, bien au chaud.
Je n'en sortirai pas du week-end.
à bientôt.